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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/253

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a été la conséquence directe des efforts des nations agricoles, afin de fonder chez elles une concurrence domestique pour l’achat du travail et des denrées premières de la terre. Chaque progrès vers la liberté, parmi les hommes, dans les dernières quarante années, a été le résultat d’une détermination de résister à la centralisation trafiquante que l’Angleterre cherche à établir. Chaque pas rétrograde vers l’esclavage a été tait chez la population qui s’est soumise au système. À cela il n’y a et ne peut y avoir nulle exception, — l’esclavage étant une conséquence directe de l’agriculture exclusive ; la liberté, le résultat nécessaire de cette diversité des professions qui est nécessaire au développement des facultés de l’homme. La route vers la liberté parfaite du commerce domestique et international se trouve dans l’adoption du système recommandé par Colbert et maintenu en France ; — c’est en le suivant que les hommes acquièrent l’aptitude de combiner leurs efforts pour développer les pouvoirs de la terre, — devenir les maîtres de la nature, —— élever la proportion du capital fixé au capital mobile, et produire cet état de choses où la concurrence pour acheter le travail est universelle, tandis que la concurrence pour le vendre a cessé d’exister.

§ 10. — Harmonie des intérêts réels de l’humanité entière. Toutes les nations ont intérêt à adopter des mesures tendantes à la concurrence pour l’achat des matières premières et du travail.

Les nations agricoles de l’Europe, on pourrait le penser, tirent avantage de la pauvreté de l’Hindou, de la misère de l’Irlandais, et de l’esclavage du nègre, — la concurrence pour acheter le coton en étant diminuée et le prix réduit. À combien leur revient cet avantage ? La production totale du coton ne donne qu’un peu plus d’une livre et demie par tête, et quand le prix vient à doubler, l’acheteur doit ajouter une contribution de 10 ou 15 cents par tête. D’un autre côté, les populations de l’Inde et des États-Unis, dans l’impuissance de constituer le marché domestique pour leurs produits, sont forcés d’envoyer leur riz, leur blé, leur farine, leurs porcs sur un grand marché central, au grave préjudice des fermiers de la Pologne, de la Russie, de l’Italie et de l’Égypte. Le prix de la production entière étant axé par celui de la quantité insignifiante qu’ils exportent, les mille millions de boisseaux produits aux États-Unis sont forcés de se soumettre à n’importe quelle réduction opérée par la concurrence russe ou turque sur le marché central. — Cette concurrence, que la centralisation négociante a pour objet de faire naître, a pour effet que les nations pure-