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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/254

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ment agricoles du monde entier sont rendues incapables de concourir pour l’achat du travail tant domestique qu’étranger ; tandis que les autres sont de leur côté incapables d’acheter leur subsistance. L’arrêt de circulation, en un lieu quelconque, tendant à produire un arrêt partout ailleurs, la terre et le travail payent en dollars des avantages imaginaires qui se comptent par demi-pence. Que l’industrie cotonnière prenne solidement racine aux États-Unis, et la population pourrait se retirer de la concurrence avec le fermier russe pour la vente des céréales, — ce qui ajouterait des centaines de millions à la valeur argent des blés russes, et mettrait leurs productions en état de faire de larges demandes du coton qu’aujourd’hui ils ne peuvent acheter. Que la Turquie s’émancipe du joug d’un système sous lequel ses fabriques ont disparu, elle acquerra la faculté de rendre à la culture des sols riches, qui sont aujourd’hui abandonnés, et de développer la richesse minérale qui abonde partout chez elle. Produisant beaucoup, elle aura beaucoup à vendre et beaucoup à acheter ; — elle fournira de la laine à l’Allemagne et l’exonérera de concurrence pour la vente du blé.

N’importe où l’on jette les yeux, on trouve une harmonie parfaite des intérêts réels, — et toutes les nations intéressées à l’adoption universelle d’une politique qui tende à développer la concurrence pour l’achat des matières premières qu’emploient les manufactures : — le travail et l’intelligence, la laine, le coton, les peaux et les céréales.

§ 11. — Les deux sociétés qui prétendent marcher en tête pour la cause de la liberté prennent des mesures qui tendent à produire concurrence pour la vente du travail, — et par là elles propagent l’esclavage. Les pays absolutistes d’Europe, au contraire, prennent des mesures qui tendent à la concurrence pour son achat, — et par là ils propagent la liberté.

De toutes les nations agricoles du monde, se prétendant au rang des civilisées, la seule qui rejette l’idée de développer la concurrence domestique pour l’achat des produits du champ et de la plantation. === C’est celle des États-Unis qui s’obstinent à suivre les traces de l’Angleterre. Le suivant, néanmoins, se propose d’atteindre un autre but que celui vers lequel marche le guide. Le premier se réjouit à l’aspect de la concurrence étrangère pour l’achat des subsistances, et du coton, et pour la vente du drap, — regardant comme favorable à ses intérêts le haut prix des denrées premières et le bon marché du drap. L’autre se réjouit de la destruction de concurrence pour l’achat des matières premières et pour la vente du drap, — regardant comme très-favorable à ses intérêts de prendre beaucoup du fermier et du planteur, et de don-