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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/285

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§ 5. — Phénomènes que présentent les pays exclusivement agricoles, — ceux qui prennent l’Angleterre pour guide. Imprévoyance et pauvreté. Conséquences de l’absence de diversité dans les modes d’emploi, et de la consolidation de la terre. Adaptation du pouvoir procréateur aux circonstances dans lesquelles une société se trouve placée.

Venant maintenant à la Turquie, au Portugal et à la Jamaïque, pays où la taxe de transport va s’accroissant — et où le pouvoir d’association a presque disparu, nous trouvons une population qui diminue par degrés, mais constamment, une terre qui se consolide de plus en plus, — et l’homme, par une conséquence nécessaire, perdant de son pouvoir et devenant moins propre à occuper la position responsable destinée à l’être à qui a été donné le pouvoir de diriger à son service les forces de la nature. Si nous passons à l’Inde, nous trouvons une communauté qui a eu jadis des centres locaux en nombre, — un sentiment de responsabilité qui se manifestait alors par un soin universel d’instruire les enfants de la campagne, de les mettre à même d’accomplir dignement leurs devoirs envers eux-mêmes et envers tout ce qui les entoure[1]. Depuis que ces centres ont disparu, la terre s’est puisée, les famines et les pestes ont sévi souvent et rudement, les écoles sont rares et pauvres, la population offre de plus en plus richesse excessive chez quelques-uns, dénuement complet chez le reste ; la société tend d’heure en heure à se dissoudre, le pouvoir de préservation personnelle décline de jour en jour[2].

  1. « L’éducation a toujours été, dès les temps les plus reculés de leur histoire, un objet de soin public et d’intérêt public pour les gouvernements hindous dans la péninsule de l’Inde. Chaque village, bien administré sous ces gouvernements, avait son école publique et un maître d’école public. Le mode d’instruction était celui qu’en raison de son efficacité, de sa simplicité, de son bon marché, l’on a introduit de Madras en Angleterre, et d’Angleterre dans le reste de l’Europe (l’enseignement mutuel). Chaque parent hindou regardait l’éducation de son fils comme un devoir solennel, dont il était responsable envers Dieu et son pays, et il le plaçait sous le maître d’école du village dès qu’il avait atteint sa cinquième année. La cérémonie de le présenter à son maître et à ses camarades s’accomplissait avec la solennité d’un acte religieux, on adressait une prière à Ganesa, la déesse de la sagesse hindoue, dont l’image occupait la place d’honneur dans toutes les écoles hindoues ; on lui demandait de venir en aide à l’écolier pour qu’il apprit bien et devint sage. » — Sir Alexander Johnston. Letter to the Président of the Board of Control.
      L’état actuel des choses présente un contraste frappant. La présidence de Madras, sur une population de 13.000.000 âmes, compte dans ses écoles 355.000 garçons et 8.000 filles. — Celle du Bengale, avec une population de 6.500.000 âmes, envoie à ses écoles moins que 40.000 enfants. Et depuis ces dernières années que sera-t-il advenu de ce peu d’écoles et d’écoliers ? Dans quel état tout cela se trouve-t-il aujourd’hui ?
  2. « Le jour suivant, je recueillis la preuve indubitable de la misère qui règne parmi