Aller au contenu

Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lesquelles 379 se sont éteintes dans l’espace de deux siècles, et en 1783, il n’en restait que 108. Durant les cent années de 1684 à 1784, on compte 207 familles bernoises qui se sont éteintes. De 1624 à 1712, la bourgeoisie fat concédée à 80 familles. En 1623, le souverain Conseil réunit les membres de 112 différentes familles dont il ne restait plus que 58[1].

Dans un livre récent sur la population[2], on a donné plusieurs faits analogues à propos des freemen, bourgeois des différentes cités et bourgs d’Angleterre, — tous tendent à prouver que l’excitation du négoce est aussi défavorable à la procréation que celle de la science ou des affaires politiques.

Regardez n’importe où, vous trouverez la preuve que dans l’homme le pouvoir de reproduction n’est pas plus une quantité constante que ne l’est aucun autre de ses pouvoirs. Il peut être stimulé à un excès d’activité qui tende à réduire l’homme à l’état de la brute, — et anéantisse en lui le sentiment de responsabilité pour ses actes envers ses semblables et envers son Créateur. Il diminue d’autant que ses autres facultés diverses sont de plus en plus stimulées à l’action, — que les modes de travail sont plus diversifiés, que l’action sociétaire est plus rapide, et que lui-même gagne en liberté. Telle est, selon nous, la loi d’adaptation spontanée qui régit la population.

  1. Malthus. Principles of Population vol. II, ch. v.
  2. Doubleday. The True Law of Population.
      London, 1846. — Selon M. Doubleday, c’est dans la pléthore, qui résulte d’une grande consommation de viande, qu’il nous faut chercher le véritable correctif de la tendance naturelle de l’homme à une procréation excessive. Il cite comme preuve l’exemple de la Russie, où la viande de boucherie, nous dit-on, est sans valeur, la nourriture végétale un objet de luxe, et la population limitée. En supposant cette loi exacte, la population américaine devrait être bien lente à s’accroître : — la consommation de viande y est bien plus forte que dans aucun autre pays. De plus, il est parlé de la diminution de la population de l’Angleterre dans les XVIe et XVIIe siècles, comme résultat d’une nourriture animale riche et abondante, qui se trouvait sous la main du travailleur. On peut voir à la page 34 du présent volume, jusqu’à quel point cette opinion est en accord avec les faits. Si c’était réellement là la loi, ce serait à désespérer du cas dans lequel se trouverait l’humanité. — L’accroissement de notre espèce serait suivi nécessairement de la diminution des animaux inférieurs et de l’obligation croissante de dépendre de la nourriture végétale, — cette nourriture dont l’usage tend le plus, comme nous l’avons vu, à développer le commerce sexuel, et à produire dans le monde entier l’état de choses qui existe aujourd’hui en Irlande.