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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/374

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table, — conséquence qui, nous l’avons dit, consiste à dégager des classes qui gouvernent le monde de toute responsabilité possible au sujet du bien-être des classes qui sont au-dessous d’elles. La religion et le bon sens cependant enseignent que l’Être qui a créé ce monde merveilleux, dont chaque partie est si parfaitement adaptée pour concourir à l’harmonie, n’a pu imposer à l’homme une loi qui tende à produire le désaccord ; que vice et misère sont des conséquences de Ferreur de l’homme et non des lois divines ; et que les hommes qui exercent pouvoir et contrôle sur le mouvement sociétaire, sont responsables au sujet de la condition de ceux qui sont au-dessous d’eux. Telle est la différence entre la science sociale et la doctrine Ricardo-Malthusienne : l’une assigne au riche une haute et forte responsabilité ; tandis que l’autre la jette toute entière sur les épaules de ceux qui étant pauvres et faibles sont incapables de se défendre par eux-mêmes.

L’une enseigne que le grand trésor est, en fait, d’une étendue illimitée ; qu’il existe de grandes lois naturelles en vertu desquelles les subsistances et les autres denrées premières tendirent à augmenter plus vite que la population ; que c’est le devoir des puissants d’étudier et de comprendre ces lois ; et que si, faute de l’accomplissement de ce grand devoir, vice et misère prévalent dans le monde, c’est eux, par conséquent, et eux seuls qui sont les responsables. — L’autre enseigne que, par suite de la rareté des sols fertiles, les pouvoirs de la terre vont constamment diminuant dans leur proportion avec le nombre de bouches à nourrir ; qu’il existe de grandes lois naturelles en vertu desquelles la population tend à augmenter plus vite que les subsistances ; que c’est le devoir du pauvre, du faible, d’étudier ces lois, que c’est à l’esprit non cultivé de les comprendre, — que, s’il y manque, la responsabilité pèse sur lui, et uniquement sur lui.

L’une s’attache à la croyance dans la grande loi du christianisme, qui enseigne que les hommes doivent faire à autrui comme ils voudraient qu’il leur fût fait à eux-mêmes ; que là où se trouvent des vieillards, des aveugles, des boiteux ou d’autres dénués, c’est le devoir du fort et du riche de veiller à ce qu’on songea eux. L’autre enseigne que la charité, en s’appliquant à soulager les détresses, ne fait qu’augmenter le nombre des pauvres[1] ; qu’il y a surabon-

  1. Cherbulliez. Études, p. 73.