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Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/433

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vent être exercés pour des fins locales liées avec le bien général, — exercice néanmoins qui reste encore soumis au contrôle général de l’État. Dans les premiers actes de l’assemblée générale du Connecticut, en 1639, il y en a un pour incorporer les petites villes de la colonie, qui leur assure à chacune le droit de choisir leurs propres officiers et magistrats, de tenir des cours locales, de pourvoir à l’enregistrement des actes et hypothèques, — et à l’entretien d’écoles et d’églises. Chaque petite communauté étant ainsi constituée » quant aux matières d’intérêt local, en petites républiques indépendantes, M. de Tocqueville a dit fort judicieusement que la cité américaine formait le principe vital de la liberté américaine. Nous n’avons là néanmoins que le premier élément du système, l’application du principe de corporation ayant depuis été développée à un degré inconnu dans tout autre pays, — ce qui a donné aux corps ainsi créés une flexibilité, une variété entièrement inconnues, dit le chancelier Kent, dans la loi romaine ou dans la loi anglaise[1].

Les chartes qui créent des corporations ayant pour objet d’encourager l’industrie et le commerce, peuvent être regardées comme des actes constituants, Enabling Acts, des mesures conférant à des individus les pouvoirs et les privilèges nécessaires au progrès du bien-être général. Assurant les parties qu’elles concernent contre des risques illimités, elles facilitent la combinaison du travail et du capital, — et par là favorisent les entreprises industrielles d’une manière et à un degré qu’on ne pourrait atteindre autrement. Le principe sur lequel elles sont basées est simple, c’est celui de l’unité et de l’identité d’intérêt social, autrement dit la confraternité humaine transportée dans l’association de travail. C’est le même que celui qui forme la base de toutes les associations pour des fins pacifiques, soit comme nations, États, communautés, villes ou banques, l’objet cherché étant organisation, incorporation, unité, harmonie et coopération. Les interdépendances, aussi bien que les sympathies naturelles, tendent à réunir tous les hommes ensemble, — le premier et le plus grand besoin de l’homme étant celui d’association avec ses semblables. Pour qu’ils puissent s’associer et être mis ainsi à même de combiner leurs efforts, il faut une association donnant pour son résultat

  1. Commentaries, vol. II, p. 280.