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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/12

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LES FEMMES

usage du monde, qu’il ne prend rien au tragique, et voilà comme il faut être avec sa femme. — Sa délicatesse… — Est fort sensée ; aussi, il est comme vous. — Comme moi ? — Oui, toutes les femmes l’aiment. — En vérité… — N’allez-vous pas faire le modeste ? Quand on a réellement du mérite, tout le monde s’en aperçoit ; croyez-vous, par exemple, que je ne vous ai pas démêlé facilement au milieu de la foule ? Mais j’ai attendu ; je trouve un moment où je vois que je vous plais, je ne crois plus devoir continuer à vous cacher mes sentimens. » Saint-Alvire rougissait, il était d’un embarras extrême, lorsqu’on annonça une femme qui venait prendre la comtesse. « Sortez, lui dit-elle, par ce petit escalier ; je ne veux pas que cette femme-là vous voie ; elle serait furieuse de nous savoir bien ensemble ; elle aime à dissoudre tous les nœuds et elle ferait l’impossible pour vous détacher de moi.