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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/128

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LES FEMMES

très-vive ; elle se retira dans un couvent à l’instant même où elle reçut cette nouvelle ; elle refusa de voir personne et elle ne lut aucune des lettres qu’on lui écrivit. Son amant avait été grièvement blessé, mais il n’était pas mort ; il avait été fait prisonnier, et c’était ce qui avait fait mander cette fausse nouvelle ; il avait perdu un œil et une jambe, et il craignait de cesser de plaire avec ces difformités ; c’était ce qui lui avait toujours fait retarder d’écrire ; cependant il s’y détermina, mais il n’eut point de réponse ; en vain il écrivit plusieurs fois inutilement. Il revint à Paris ; il apprit qu’elle ne lisait aucune lettre, qu’elle le croyait mort et qu’elle était déterminée à passer le reste de sa vie dans le couvent où elle était et où elle avait déjà pris le voile. Pénétré d’admiration, de reconnaissance et d’amour de se voir si vivement regretté, et voulant empêcher le sacrifice qu’elle