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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/51

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CHAPITRE XXII.

bonne heure chez elle comme il faisait autrefois, lorsqu’il commença à l’aimer. Il y fut reçu le mieux du monde, et cette réception pensa le déconcerter ; mais elle feignit de ne pas s’en apercevoir. « Expliquez-moi donc, lui dit-elle d’un ton assez dégagé, quelle est votre conduite avec moi depuis quelque temps ? Vous voulez, m’a-t-on dit, m’accoutumer à ne vous plus voir, parce que vous allez faire un grand voyage ; et pourquoi m’en faire un secret ? croyez-vous que je sois assez faible pour m’opposer à la gloire que vous vous proposez d’aller acquérir sous un autre hémisphère ? Vous devez me connaître mieux, mon cher vidame, il n’y a point de sacrifice que je ne sois en état de vous faire.

— Je n’en doute pas, Madame, et je crois même que si je vous priais de ne plus m’aimer vous auriez la bonté d’y consentir.