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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome III.djvu/72

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LES FEMMES.

— Je vous dirai bien plus ; c’est que la meilleure éducation produit souvent dans une jeune personne une erreur bien dangereuse.

— Comment cela ?

— On l’assure que le vrai bonheur réside dans le mariage. Dès qu’on lui a trouvé un parti, c’est le bonheur qui se présente ; on le lui vante au couvent, chez elle tout le monde l’en félicite, ses femmes de chambre s’en réjouissent, et lui disent que le jour de son mariage est le plus beau jour de sa vie.

— Cela est vrai.

— Mais l’idée qu’elle s’est faite du bonheur est bien supérieure à celui qu’elle éprouve : elle était si bien disposée à le recevoir, est-ce la faute de son mari ? Le porterait-il ailleurs ? Elle ne sait que penser, elle rougit de son ignorance, elle se rappelle les romans, et elle est persuadée que le bonheur est la récompense de l’amour, qu’il en est