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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/224

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Le Marquis.

Vous lui vîtes jouer la Comédie ces jours passés, vous jouâtes même avec elle.

Le Chevalier.

Oui, & j’en fus enchanté ! on ne sauroit mettre plus d’ame, plus d’expression qu’elle n’en mit dans son rôle, elle m’a fait un plaisir inexprimable !

Le Marquis.

Et vous aimeriez une Femme qui auroit le talent de feindre si bien ce qu’elle ne sent pas ?

Le Chevalier.

Ce qu’elle ne sent pas ? Au contraire, je me croirois le principe de ce sentiment qu’elle développeroit, & je l’en aimerois davantage.

Le Marquis.

Vous pourriez vous croire aimé ?

Le Chevalier.

Pourquoi non ? Je commence par estimer ce que j’aime, voilà sur quoi je fonde mon amour ; toute autre passion n’est qu’un aveuglement indigne d’un honnête homme, & pour lors quand on est trompé, l’on n’a que ce que l’on mérite. Je distingue une Femme