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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/225

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honnête qui s’amuse d’un plaisir aussi permis que celui de jouer la Comédie, de celles que le libertinage a seul déterminées à choisir cet état.

Le Marquis.

Vous me faites pitié ! ce talent perfide n’empêche-t-il pas de démêler la vérité ? Quand une Femme exprime si bien l’amour, vis-à-vis d’un Homme qui lui est indifférent, sur quoi voulez-vous que compte celui qui l’adore ? Pour moi, je ne saurois croire à-présent que la Comtesse ait pu m’aimer jamais un seul instant : l’art de feindre avec cette supériorité, ne sauroit venir que de la fausseté de l’ame, je ne saurois jamais quand elle seroit de bonne foi, je serois exposé à mille inquiétudes en continuant de l’aimer.

Le Chevalier.

Est-il possible que…

Le Marquis.

Oui, je veux que l’on soit vrai, & voilà pourquoi je sais bien que je ne plais pas dans la société ; c’est que malheureusement je vois les choses comme elles sont, & non pas comme on me les montre.