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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/230

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Le Marquis.

Et voilà précisément comme on se ruine, en ne connoissant pas la valeur de son bien, & qu’on ne fait que nigauder à Paris. Je suis convaincu, moi, que cette terre rapporte dix-huit mille francs par an. Vous comptez pour rien les bois apparemment ?

Le Baron.

Et il y a plus de dix ans que mon Frère les a tous coupés & arrachés, il n’y reste pas un buisson. Que Diable ! je sais bien ce que je dis.

Le Chevalier.

Il est vraisemblable que Monsieur le Baron est mieux instruit là-dessus que vous.

Le Marquis.

Voilà de mes flatteurs. Eh bien, Monsieur, pour vous prouver que je sais ce que je dis aussi moi, c’est que je vous l’achette cette terre, que je veux la payer quatre cens mille francs, & que je suis sûr de faire un très-bon marché.

Le Chevalier.

Peut-on être déraisonnable à ce point-là ?

Le Baron.

Quel homme ! mais vous me feriez enrager avec cette obstination !