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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/271

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teurs, que vous les attendrissiez ; que c’étoit votre amour pour moi qui animoit le son de votre voix, qui pénétroit votre ame. Art séducteur de peindre les passions, je me plaignois de toi ! j’avois pu croire qu’on pouvoit les exprimer sans les sentir, & je ne suis que trop certain qu’un autre que moi vous inspiroit ce tendre sentiment que vous rendiez si bien.

La Comtesse.

Quoi, vous seriez jaloux ?

Le Marquis.

Oui, je le suis ; jugez à quel point je vous aime.

La Comtesse.

Cette frénésie vous manquoit. Et sur quoi pouvez-vous fonder cette jalousie ? Qui vous ai-je préféré ? Quel sacrifice ne vous ai-je point fait ? Homme ingrat & déraisonnable ! laissez-moi vous fuir pour toujours. Elle veut sortir.

Le Marquis.

Ah ! Madame, arrêtez, & justifiez-vous, s’il est possible.

La Comtesse.

Que je me justifie ?