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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/50

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grande diligence, porter des nouvelles a mr le marquis de denonville. Il estoit arrivé comme je disnois et se rembarqua peu apres pour avencer sa route. Je fis partir en meme temps le sr de Ste helenne avec trois de nos canoteurs pour aller au devant de mr d’hyberville.

Le treiziesme may il plut, neigea et venta toute la journée, ce qui continua le lendemain jusques a midy, que mr d’hyberville arriva et me dist qu’il avoit attendu inutilement pendant deux jours le canot pour lequel je l’avois fais rester. Je me déffiois fort des sauvages de sorte que pour tenir mes gens alertes, j’avois ordonné que personne ne dormist au corps de garde une heur devant le jour, que dans ce temps. Il n’y eust plus (422) qu’un petit feu que l’on devoit éteindre a la première alarme ; en un mot tout le monde fust prest et en ordre les armes a la main. Je fis dresser une croix sur la pointe de la fourche et nostre interprète Anglois s’ouvrit la jembe d’un coup de hache jusques a l’os. L’on compte de l’isle de Montréal a Mataouan cent lieues.

Le quinziesme may, nous ne pûmes partir qu’à soleil levé, à cause des treinages qu’il falloit faire dans l’eau qui estoit extrément froide. Nous partîmes après la messe dite et aiant fait trois portages nous fûmes camper une lieu au dessus du dernier et a trois et demie de Mataouan[1]. Un de nos canots se brisa en pièces dans le second bordage, ayant abordé dans une chutte. L’on sauva ce qui estoit

  1. Ces portages se trouvent aux rapides de la Demi-Charge, de la Cave et des Érables.