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Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/195

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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

« Va toujours, sois tranquille ! on te donnera du beurre et du sel pour ce sou-là, et même un balai. »

L’enfant courut au village et en rapporta du beurre, du sel et un balai ; il lui restait encore quelques sous qu’il voulut remettre à Louise.

« Garde-les au fond de ta poche, petit : nous en aurons besoin une autre fois. »

Le petit apporta des brindilles, et Gote les posa sur quelques charbons que la mère avait cachés sous la cendre. Puis elle prit un vieux canon de fusil et souffla le feu. Louise, pour qui ce moyen était tout nouveau, voulut souffler à son tour, ce qui l’amusa beaucoup. Quand le feu flamba, elles firent chauffer un pot rempli d’eau, et Jean courut chercher quelques feuilles d’oseille que les petites filles épluchèrent avec soin ; puis, ayant mis du beurre dans la poêle, elles y jetèrent l’oseille et achevèrent la soupe, non sans avoir bien ri et sans y avoir goûté plus d’une fois pour savoir si elle était assez salée.

« Voyez-vous, mes amis, dit Louise, votre mère sera très-contente d’avoir une bonne soupe bien chaude à faire manger à son petit enfant quand elle rentrera. »

En retournant chez son père, Louise, qui plus d’une fois, en jouant à la dînette, avait simulé les apprêts d’un repas, pensa qu’il y avait plus de plaisir à faire réellement les choses ; et l’idée que