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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/104

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Faut-il, au nom de la discipline, sanctionner de tels procédés ?

Eh bien ! Pas de discipline qui tienne !

Faut-il, pour rester conservateur, sanctionner ce que nous croyons être une politique malhonnête ?

Faut-il approuver l’escamotage du chemin de fer du Nord, l’obtention des chartes publiques par corruption, l’entrée de transfuges politiques dans les gouvernements conservateurs, l’ostracisme de nos plus valeureux chefs, le bannissement en masse des plus fidèles amis du parti, les spéculations honteuses sur la caisse publique, le gouvernement du pays par une misérable clique ?

Eh bien ! Si être conservateur signifie tout cela ; si nous en sommes arrivés à ce point de ne plus pouvoir honnêtement et honorablement appartenir au parti conservateur, nous le déclarons bien franchement, nous n’en sommes plus…

Mais heureusement qu’il n’en est pas ainsi.

Que le parti conservateur dégage donc sa responsabilité des actes indignes que nous déplorons. Qu’il cesse de se laisser représenter par la clique dans le gouvernement du pays.

Pour cela, il faut que le Grand Homme reprenne, vis-à-vis le parti, l’attitude qui lui convient.

Il faut qu’il cède le pas au pays… même au parti !

Qu’il soit honoré, choyé, subventionné, décoré !

« Qu’il soit le plus renté de tous les beaux esprits, »


passe ! nous ne lui voulons aucun mal.

Ses succès, ses triomphes ne soulèveront, aucune récrimination, chez nous… mais à la condition qu’ils soient acquis par le parti, avec le parti et pour le pays !

Et non par la clique, avec la clique et pour la clique !

“ Delenda est Carthago ! ”

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Il faut que le parti ait une existence distincte de celle de la clique, indépendante de la clique ! Il faut que le parti soit comme la maison du père de famille, où chaque conservateur digne de ce nom se sente chez soi, et non un persécuté victime des vengeances et des intrigues de la clique.

Or, pour cela, il faut que le parti s’organise, se recrute et opère en dehors de la clique. Il faut qu’il se reconstitue sur la base solide des principes ! Il faut qu'il fasse disparaître cette idée, tendant à prévaloir dans le public avec une rapidité effrayante, qu’il n’y a plus moyen d’être à fois solidaire des actes politiques de notre parti et honnête homme.

Il faut que le parti se reconstitue sur des bases naturelles, communes à toute organisation : savoir, qu’il rétablisse dans son sein