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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/29

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rielles dont elles ont été l’objet et des gros bénéfices qu’il a su en tirer.

Coïncidences aussi heureuses qu’étranges ! toujours ses parents et amis se trouvent les plus compétents à remplir les emplois publics les plus rémunératifs. Toujours l’on trouve que les compagnies, institutions ou sociétés dans lesquelles il sacrifie ses économies pour le bonheur du peuple, et dans lesquelles il s’immole à l’intérêt public, sont celles qui bénéficient des plus belles subventions, des privilèges les plus exorbitants accordés par les gouvernements dont il fait partie ou sur lesquels il exerce, quelque influence !


II


Voyez par exemple :

Il travaille aux élections : n’allez pas croire que ce soit par intérêt personnel : il sert son pays, voilà tout !

Mais le pays reconnaissant encombre de suite les bureaux publics de ses parents et amis ; son père, tous ses frères, etc., se choisissent les plus rémunérés parmi les emplois qu’ils peuvent remplir ; ils y spéculent même à la façon de Senécal. Et si M. Chapleau ne place plus de parents, c’est parce que M. Chapleau n’a plus de parents à placer !

Heureux M. Chapleau !

Pour lui-même, le patronage et la faveur gouvernementale abondent partout où il a des intérêts. Par exemple, c’est toujours lui, ses associés ou ses créatures qui, dix ans durant, ont les causes de la Couronne.

Heureux M. Chapleau !

Il condamne le double mandat ; c’est par patriotisme ! Mais comme cela lui sert bien ! Avec le principe du double mandat, M. Masson prenait les deux mandats de Terrebonne. Mais les électeurs de ce comté, soulevés par M. Chapleau, faisant mine de condamner le double mandat, M. Chapleau obtint, dès 1867, un siège dans la chambre locale.

Heureux M. Chapleau !

Guidé par un principe de haute philosophie sociale, M. Chapleau condamne la qualification foncière. Comme ce principe sert bien son intérêt personnel, lui qui n’a pas de qualification foncière !

Heureux M. Chapleau !

Les portefeuilles de ministre ne se font pas attendre. Depuis dix ans, il a toujours eu sa place au gouvernement aussi longtemps que les opérations de la clique ne l’on ont pas fait déguerpir. Depuis cinq ans, il n’a eu, suivant lui, qu’à choisir ceux qui lui convenaient, soit à Québec, soit à Ottawa.

Bien plus ! On exalte sa vertu de renonciation, lorsqu’il ne renonce