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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/44

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II


Celui que l’on a bombardé à la porte avec le plus formidable accompagnement d’éxécrations, c’est le fameux Tarte ! Tarte ! le Tarteux ! le Tartissimeux ! Tartus malus ?  ! Tartus pejor ! Tartus pessimus ! Tarte le tartivore ! le tarticore ! le tarticoloro ! l’Israël !

Le chef de la tribu d’Israël !

Quels adjectifs ! Et certes ! il ne les a pas volés !

Quels superlatifs !

Il fallait que tous ces hommes, et surtout les de Boucherville, les Boss, les Beaubien, les Archambault et bien d’autres eussent commis de bien grands crimes, pour être à la hauteur de tels qualificatifs !


III


Donc, voilà que l’on a mis à la porte du parti conservateur une portion notable de ses membres, peut-être la moitié, peut-être plus.

Car il n’y eut pas seulement que les députés et conseillers législatifs coupables de révolte ouverte, qui furent exécutés. Des citoyens distingués qui ne s’étaient jamais montrés sur la scène politique, tels que Messieurs Lemoine, Renaud, Pelletier, etc., furent assaillis d’une manière ignoble, malgré leur 10, 20, 30 ou 40 ans de dévouement inaltérable au parti.

Avec quel déluge d’eau sale ne les a-t-on pas aspergés ! Leur a-t-on un peu barbouillé la figure ! Quelle provision de choses malpropres la bande à Senécal ne tenait-elle pas en réserve !


IV


Tout cela pouvait être amusant ; mais à la condition de ne pas durer plus que les mélodrames ordinaires. M. Chapleau est, nous le reconnaissons, aussi drôle que peut l’être un premier rôle. « Bravo ! eussions-nous volontiers consenti à lui crier, bravo ! mais assez ! »

Si de suite il eût déposé son masque de Jupiter Tonnant et eût laisser tomber sa crinière de lion ; si M. Dansereau eût consenti à serrer sa seringue ; si « notre haut justicier national » eût couru se laver les mains ; si M. Senécal eût rengainé son grand sabre et sifflé sa meute, ça n’eût guère pu tirer à conséquence. Après avoir constaté qu’il n’y avait personne de tué, nous nous fussions contenté de dire : « Ah bien ! en voilà une bonne farce ! Manie-t-il cela un peu la foudre, lui, notre grand homme ! Comme il sait bien taire claquer le fouet de la discipline ! Et c’est nos pauvres moutons de députés qui en ont eu une peur bleue ! Ce n’est pas demain qu’ils oseront recommencer !