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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/69

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qu’il appellera, pourra se construire une ligne indépendante jusqu’à I’Atlantique. Et alors, non-seulement le chemin du Nord, mais même toute la province, se trouveront totalement, exclus de tous les bénéfices devant résulter du transit du commerce de l’Ouest ! Donc ! vendons la section Ouest pour trois millions six cent mille piastres, bien qu’elle vaille huit millions. »

Eh bien ! tout ce beau raisonnement avait une base fausse. Le gouvernement tenait lui-même les contrats assurant au chemin provincial le commerce de l’Ouest !… Et l’on ne le dit pas !

L’on tait ce fait ! Pourquoi ? Il faut bien le dire : parce que l’acheteur offrait de donner un prix exorbitant pour les quelques milles de chemin, propriété privée de certains associés parents ou amis !

M. Chapleau a repoussé avec indignation l’accusation que cette vente allait lui bénéficier personnellement. Il a proclamé bien haut sa pauvreté. Le seul capital qu’ίl possède, en avril 1882, c’est, suivant sa propre expression, celui de ses dettes !… Et cependant, à peine quelques jours après la vente, il paie comptant une dette de $10,000.00 échue depuis plus d’une année et sur laquelle, un mois auparavant, il ne pouvait donner un accompte de $100.00. Et quelques mois après, il achète, argent comptant, une résidence princière pour la somme de $14,000.00, qu’il paie comptant, résidence dont il n’avait nul besoin, puisqu’il allait en Europe avec sa femme, pour, à son retour, s’en aller à Ottawa.

Voilà un capital de dette qui rapporte joliment : $24,000.00 en quelques semaines, sans compter les achats d’objets d’art dispendieux, les tableaux à l’huile, la vie à grandes guides, le voyage en Europe et milles autres dépenses.


IX


Il faut vendre de suite, s’écriait M. Chapleau, afin d’assurer le Terminus du Pacifique à la Province de Québec et spécialement à Montréal !

Il faut vendre, parce que le trésor est à sec et que la Province ne peut ni ne doit contracter de nouveaux emprunts.

Or, à peine quelques semaines se sont-elles écoulées, que les faits viennent donner un éclatant démenti à ces retentissantes affirmations :

Le chemin vendu, M. Chapleau annonce qu’il va de suite falloir contracter un nouvel emprunt d’au moins trois millions.

Senécal en possession du chemin, La Minerve vient révéler le fait des raccordements stipulés avec les compagnies de l’Ouest ! Stipulations, qui, comme l’embranchement de St-Charles, ont été faites sous le prétexte de servir l’intérêt de la Province, mais qui, en réalité,