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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/75

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10° La vente était illégale parce que, pour chacune des deux ventes, les acheteurs étaient incapables de se lier envers la province : le syndicat du Pacifique, parce que sa compagnie n’avait pas autorisé l’achat ; Senécal, parce qu’il était l’administrateur du chemin, dans le sens de l’article 1484 du code civil.






APRÉS L’ACTION.


I


Les vendeurs du chemin du Nord sont partis !

Comme frappés d’une secrète terreur, pressentant déjà que la lumière se fait sur cette étrange transaction, ils ont à peine consommé leur acte qu’ils déguerpissent furtivement, comme l’oiseau nocturne qui fuit les approches du soleil.

Pour quelques-uns même, l’immense territoire du Canada, les vastes solitudes du Nord-Ouest, les cachettes sans nombre de nos forêts vierges n’auraient pas suffi ; il a fallu franchir l’Atlantique, mettre un océan entre eux et le théâtre de leur victoire, pour pouvoir goûter un peu de repos…

Que l’atmosphère européenne leur soit légère !


II


M. Chapleau proclamait bien haut que, pour lui, il avait renoncé aux grandeurs d’Ottawa, afin de se sacrifier au bonheur de la province de Québec et de restaurer ses finances. Eh bien ! En quoi et comment les a-t-il restaurées ?

Il est cependant parti…

Comment faut-il apprécier cette manœuvre d’un si grand patriote ? D’un côté, suivant ses organes, il part pour aller à Ottawa se reposer des héroïques labeurs de Québec ; de l’autre, il part, toujours suivant les mêmes organes, parce que le champ étroit de Québec ne suffit plus aux évolutions sublimes de son volumineux patriotisme. Ce nouvel Alexandre va bientôt pleurer et s’arracher les cheveux de ce que notre planète soit trop petite pour suffire aux incommensurables visées de son ambition.

Se reposer ! mais est-ce bien à Ottawa qu’il faille aller pour se reposer ? À Québec, nous sommes au centre de nos forces, il faudrait des prodiges de maladresse pour nous perdre, là.

À Ottawa, nous sommes à l’avant-garde, au front de la bataille qui se livre sans cesse pour la défense de nos droits nationaux. Là, sur deux cents dix députés aux communes, nous n’en avons guère que cinquante. Au sénat, sur soixante-dix-huit sénateurs, c’est à