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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/92

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sol, Tassé, Desjardins, Houde, etc., etc. Ces messieurs sont le chaperon dont la clique couvre sa vertu plus qu’avariée. Elle reçoit d’eux la puissance, le patronage : l’être en un mot. En retour, elle laisse bien, à la disposition de chacun d’eux, quelques bribes de patronage ; mais en somme, elle garde, pour elle et elle seule, l’absolutisme dans toute son intégrité.


IV


M. Chapleau, devant laisser Québec, ne voulait pas que la province décidât elle-même du choix de son chef. Ce n’est ni au pays, ni même au parti à faire un tel choix : c’est à la clique ! Ce n’est ni dans la chambre haute, ni dans la chambre basse, que doit être choisi le nouvel élu : c’est dans la clique !

Angers avait été élagué ; cela ne suffisait pas. Il fallait faire, aux autres chefs conservateurs, la suprême injure de leur imposer un chef qui n’eût d’autre titre au commandement que la consécration de la main du grand-homme. Qui, dans la province, avait jamais songé à M. Lacoste, comme premier ministre ! Il n’était pas même parmi les élus, n’avait jamais fait aucun apprentissage de la politique. Rien ne le recommandait plus que vingt autres à ce poste important… Et cependant, c’est à M. Lacoste que M. Chapleau avisé par la clique, avait d’abord décidé de donner sa succession de premier.

Mais pour quelle raison ? Oh ! la raison ! Lacoste sera l’instrument de son client Senécal, le serviteur de son maître Chapleau, la dupe de son fétiche Dansereau. Vite ! M. Chapleau fait résigner le conseiller Villemure, afin d’offrir à M. Lacoste une entrée dans la vie publique, que les électeurs lui eussent infailliblement refusée.

Seuls les fiascos politiques du futur chef viennent à point démontrer combien M. Chapleau est inhabile à improviser ses grands hommes !


V


M. Lacoste ne faisant pas, croyez-vous que M. Chapleau va revenir à ceux entre qui, d’après le droit constitutionnel, doit être choisi le futur premier ?

Allons donc !

Si le premier était pris dans la législature ; si surtout il était désigné par la voix des hommes publics de la province, ce serait l’homme de la province, ce ne serait plus alors l’homme de M. Chapleau. Or, M. Chapleau a besoin, pour son prestige à Ottawa, que le premier de Québec soit, avant tout, son homme, son instrument.