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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/118

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fois les Indes, je vais en Aſie, je revole en Europe : & toûjours faiſant de nouvelles amours, je ne m’arrête qu’autant de temps qu’elles durent, & c’eſt bien peu.

Mon État, mon Palais, & mes Sujets ſont inviſibles aux mortels autant qu’il me plaît. Ce qu’on appelle un épais Tourbillon envelope tout mon empire ; c’eſt de là que j’ay pris mon nom, & quand on en voit, c’eſt que je les tranſporte d’un lieu à un autre.

Je ne parois qu’avec éclat ; mon abord eſt peu ſecret, j’aime le bruit, & qui m’oteroit le tintamare qui m’accompagne m’ôteroit auſſi la vie. Je vais & je viens inceſſamment. La beauté m’attire, les belles aiment les gens de mon caractere. J’ay auſſi pluſieurs enfans qui ont toutes mes mauvaiſes qualitez ; & qui n’ont point les bonnes ; car ſi je ſuis volage pour mes maîtreſſes, je ne ſuis pas de même pour mes amis, je les aime avec attache, & n’ày rien qui ne ſoit en leur pouvoir, je les ſers avec une vivacité extréme : ces ſortes de cœurs ſont rares. J’ay déja pris ſoin de vous, & c’eſt moy qui vous ay dérobée à la fureur d’Uliciane.