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Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/61

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rendre encore une fois à sa patrie un service signalé. Le grand roi des Canaries, pour se venger des insultes de quelques corsaires chrétiens, qui avoient fait une descente dans ses isles, avoit débarqué fur les côtes d’Angleterre à la tête d’une armée formidable. Il s’étoit même déjà rendu maître d’une partie considérable de l’isle, où ses troupes commettoient les plus grands désordres. En vain le roi Anglais avoit cru pouvoir s’opposer aux progrès du prince infidele. Vaincu dans deux combats, & chassé successivement de Cantorberi, de Londres, & de plusieurs autres de ses meilleures places, il avoit enfin été obligé d’aller chercher un asile dans la ville de Varwick. Là, investi de tous côtés par l’armée des Maures qui l’avoit suivi, ce malheureux prince n’espéroit plus aucun secours, lorsque le ciel lui en offrit un dans le courage & dans l’habileté du comte hermite.

Le lendemain de l’arrivée du roi à Varwick, le comte étant monté dès le matin sur le haut de la montagne qu’il habitoit, dans le dessein d’y ramasser quelques herbes, qui faisaient une partie de sa nourriture, il apperçut l’armée des infideles campée dans la plaine. Il courut à la ville, qu’il trouva dans la consternation, & se rendit d’abord au château. À peine y étoit-il entré, qu’il rencontra le roi qui revenoit d’entendre la messe. Il se jeta à ses genoux, & lui demanda l’aumône ; mais ce prince