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Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/68

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TIRAN LE BLANC. 63 le gentilhomme etranger arriva a la Fontaine. La vue d’un homme endormi sur son cheval attira 1’at- tention de l'hermite. II doutoit s’il devoit le reveil- ler , mais le cheval pressé de la soif le tira d’em- barras. Comme sa bride étoit attachée a 1’arçon, les mouvemens qu’il se donna pour s’en débarrasser reveillèrent le cavalier. Tiran demeura surpris à cette vue. L’hermite etoit d’une taille haute & ma- jestueufe ; il portoit une longue barbe blanche , & malgre son habit dechire , son vifage pâle & de- charne , & ses yeux presque éteints , un air de di- gnité répandu sur toute sa personne , annonçoit ce qu’il avoit été autrefois. Le cavalier mettant auffi-tôt pied à terre, s’a- vança pour le saluer. L’hermite , de son coté , le requt d’un air doux & civil ; & lui ayant proposé de s’asseoir dans 1’agréable prairie qui bordoit la fontaine , il le conjura , par la politesse qu’il re- marquoit en lui , de lui apprendre son nom , & quel hazard 1’avoit conduit dans ce desert. Alors l'étranger prenant la parole : II m’est aisé , lui dit-il , mon pere , de satisfaire votre curiofité. Je m’ap- pelle Tiran le Blanc , parce que mon pere est sei- gneur de la Marche Tirannie , qui n’est séparée de 1’Angleterre que par un petit trajet de mer. Ma mère, fille du due de Bretagne, se nomme Blanche. Ainsi , pour conferver les deux noms , on m’a donne celui de Tiran le Blanc. Les fêtes que le roi d’Angleterre