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Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/69

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prépare pour son mariage avec la princesse de France, m’ont attiré en ce pays. Cette princesse est la plus belle de toute la chrétienté. Elle possede tous les charmes & toutes les graces qui sont partagées entre les autres femmes ; rien n’approche de la blancheur & de la finesse de son teint. Je puis vous en donner une idée, mon révérend père, par un fait dont j’ai été témoin. J’étois à la cour de France le jour de la fête de Saint Michel ; ce jour, auquel se faisoit la déclaration du mariage, il y eut beaucoup de réjouissances. Le roi, la reine, & la princesse leur fille, mangeoient à une table séparée ; & je puis assurer, pour l’avoir vu, que la blancheur & la finessec de la peau de cette princesse laissoient voir au passage le vin rouge qu’elle buvoit. Ce fut là que j’appris que le roi d’Angleterre, qui s’y étoit rendu, devoit être à Londres le jour de la Saint Jean ; & qu’à son arrivée il y auroit de grandes fêtes dans cette ville pendant un an & un jour. Sur cette assurance, nous sommes partis trente gentilshommes & moi, pour nous y trouver, & pour y recevoir l’ordre de chevalerie. La lassitude de mon cheval, ajouta l’étranger, m’a fait demeurer derrière. Je me suis endormi, & le hazard m’a conduit ici.

L’hermite entendant parler de l’ordre de chevalerie, & du dessein que ce gentilhomme avoit formé de le recevoir, poussa un grand soupir. Son ima-