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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/204

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Ton cortège dansant de légères Dryades,
De nymphes au sein blanc, de folâtres Ménades.
Entrez dans son asile aux muses consacré,
Où de sphères, d’écrits, de beaux-arts entouré,
Sur les doctes feuillets sa jeunesse prudente
Pâlit au sein des nuits près d’une lampe ardente.
Hélas ! de tous les dieux il n’eut point les faveurs.
Souvent son corps débile est en proie aux douleurs.
Muse, implore pour lui la santé secourable,
Cette reine des dieux sans qui rien n’est aimable[1],
Qui partout fait briller le sourire, les jeux,
Les grâces, le printemps. Qu’indulgente à tes vœux
Le dictame à la main, près de lui descendue,
Elle vienne avec toi présenter à sa vue
Cette jeunesse en fleur, et ce teint pur et frais,
Et le baume et la vie épars dans tous ses traits.
Dis lui : « Belle santé, déesse des déesses,
Toi sans qui rien ne plaît, ni grandeurs, ni richesses,
Ni chansons, ni festins, ni caresses d’amours,
Viens, d’un mortel aimé viens embellir les jours.
Touche-le de ta main qui répand l’ambroisie.
Ainsi tu nous verras, troupe agreste et choisie,
Les hymnes à la bouche, entourer tes autels,
Santé, reine des dieux, nourrice des mortels. »

(Ce morceau sur la santé est légèrement imité de la belle hymne à la Santé, d’Ariphron le Sicyonien, que beaucoup d’anciens ont citée et qui reste dans Athénée.

  1. Le manuscrit offre, pour variante, cette première pensée de l’auteur :
    Reine des immortels, sans qui rien n’est aimable.
    (G. de Chénier.)