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d’argent ciselé, emblème de cette sagesse dont la ville avait tant besoin ; et Catherine de Médicis reçut une coupe d’argent remplie de médailles d’or.

Mais ce qui préoccupait don Francès à Béziers, ce n’étaient pas nos discordes dont il se montrait cependant friand, mais une affaire de corsaires français qui avaient envoyé au fond de la mer des navires espagnols. Les nôtres avaient fait << boire », comme ils disaient, les matelots qui les montaient, ce qui signifie qu’ils les avaient jetés à l’eau. Or les corsaires français ayant tout pillé, on ne trouvait plus aucun indice pour identifier les navires. Le plus petit seulement était présumé portuguais, car il portait des épices, des singes et des perroquets. On va convoquer le conseil à ce sujet. On nommera certainement une personne pour instruire une enquête, cela l’ambassadeur le savait bien. Mais les Français s’en riront, comme ils l’avaient fait déjà si souvent. Le pire est que l’ambassadeur savait qu’on avait armé quatre ou cinq navires, sous le prétexte d’aller en Floride, qui ne devaient être employés en réalité qu’au pillage ! Ainsi le déplorait don Francès, écrivant à Philippe II. Le 4 janvier, on traversa Nissan pour arriver à Narbonne, grande et forte cité, où l’on devait rester deux jours pour fêter l’Epiphanie.

Si Béziers est une ville presque réformée, Narbonne se tient fermement catholique ; aussi Charles IX et la reine-mère montrent-ils aux habitants une bienveillance particulière. Sans doute, pour donner une suite à la fête des Rois, on visite, le 7, Sigean qui domine la mer latine, et le lendemain Leucate, la dernière place de la France à quatre lieues de Perpignan ¹. Là, Catherine de Médicis montait en barque pour se rendre à Salces, emmenant avec elle les trois cardinaux, MM. de Bourbon, de Guise et de Strozzi, le maréchal de Bourdillon et M. d’Escars 2. La bonne humeur fut générale et l’on plaisanta beaucoup durant ce trajet. Car la reine mère, ce qui fit rire tout le monde, déclara qu’elle allait écrire une lettre au connétable et à Mme de Guise, afin de leur annoncer qu’elle s’était embarquée pour aller rendre visite au Roi Catholique ! 1.

On possède sur les progrès de la réforme à Perpignan une lettre intéressante de Pierre de Perpignan (Gaudeau, de Petri Joannis Perpiniani vita, Paris, 1891).

2. François de Peyruse, comte d’Escars, gouverneur de Bordeaux. D gitized by