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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/45

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III

PROJET DU TOUR DE FRANCE



Après la prise du Havre et la déclaration de la majorité de Charles IX, la reine-mère était rentrée à Paris, impatiente d’apaiser et de désarmer la ville (septembre 1563).

Les Guises avaient voulu « fayre les rois ». Maintenant il y avait un roi, qui était son fils. Catherine de Médicis saurait montrer « que les femmes ont meilleure volonté de conserver le royaume que seulx qui l’ont mis an l’etat en quoy il est », comme elle le dit fièrement et l’écrit suivant une orthographe qui lui appartient, dans une lettre adressée à l’un des confidents de sa pensée, Arthur de Cossé, sieur de Gonnor.

Tel est le dessein du voyage que la reine-mère projette, et la raison du séjour qu’elle fait à Paris, où elle a conduit son fils. Catherine de Médicis doit sortir de ses dettes, remercier les Parisiens de « leur fidélité et des grans secours » qu’ils lui avaient donnés. C’est beaucoup dire, car Catherine n’ignore pas que Paris demeure une ville très catholique, fanatique même, qui ne désarmera pas, alors qu’elle voudrait que chacun apportât ses armes à l’Hôtel de Ville.

À Paris, un immense cortège, comprenant non seulement les corps constitués, mais encore les gens des paroisses, avait suivi sous les armes, enseignes déployées, en inclinant les piques vers la terre, le corps de François de Guise quand il fut ramené à Joinville (mars 1563). Les Parisiens n’avaient pas désarmé, malgré l’édit, ni matériellement ni moralement. Les prédicateurs, dans leur chaire, commentaient à leur façon la parole du Christ à ses apôtres : « Que celui qui n’a pas de glaive vende sa tunique pour en acheter un. » Mais Catherine espérait cependant que Paris don-