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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/46

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CATHERINE DE MÉDICIS

nerait le bon exemple de la réconciliation, et qu’il serait suivi pour « l’entier repos par tout le royaume. »

Généreuse illusion ! Quand la princesse de Condé rentra à Paris dans son coche, les Parisiens en armes, venus pour accueillir le roi, tuèrent le capitaine huguenot Couppé, qui l’accompagnait. Mais Catherine de Médicis n’est pas femme à se décourager à la suite d’un incident de cette nature. Un autre attentat devait répondre d’ailleurs au meurtre de Couppé. Ce fut l’assassinat du capitaine des gardes Charry, un ardent catholique, soldat révoqué par Coligny : Charry, sur le pont Saint-Michel, tomba le matin du 1er janvier 1564 sous l’épée du guidon de l’amiral, acquittant sans doute le prix d’une vendette. Mais les gens de Paris accusaient l’amiral et M. d’Andelot, son frère, de complicité. Ici encore, Catherine montra son désir d’apaisement, ne faisant exercer aucune poursuite au sujet de la mort de Charry, son serviteur. Bien mieux, elle tentera, quelques jours plus tard, d’apaiser une affaire, autrement grave, qui mettait aux prises la veuve de François de Guise et Gaspard de Coligny, l’amiral, dénoncé comme le complice du meurtre de son mari par Poltrot de Méré. Coligny avait protesté de son innocence avec hauteur ; et, non sans quelque maladresse, il déclara même avoir détourné un homme de sa connaissance, qui se proposait dans son camp de tuer le duc de Guise, d’accomplir son dessein. Les Guises demandaient justice. Les huguenots offraient leurs services à Coligny. Catherine fit évoquer l’affaire du meurtre de François de Guise au conseil de Charles IX : le jugement était bientôt remis à trois ou quatre ans. Et la reine-mère se réjouissant du délai, du temps gagné, en donnait tout le mérite à son fils : « Dieu l’avait inspiré, comme un autre Salomon » (janvier 1564).

Apaiser est donc bien le programme de la reine-mère. Pacifier les provinces par le respect de l’édit, le Languedoc surtout, où Damville, le fils très catholique d’Anne de Montmorency, n’avait montré aucune mesure : « Il fault que vous, qui estes gouverneur, et qui sçavez en cela quelle est mon intention, que sans passion ni acception de personne, ni de religion, vous teniez main à ce qu’il soit gardé et entretenu ». En ces jours, Lyon se montrait une ville en désordre, divisée, presque rebelle ; le Languedoc semblait davantage en bataille.

On aurait pu observer encore le même souci, chez Catherine de Médicis, de pacifier les différends avec l’Angleterre. La reine venait