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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/60

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CATHERINE DE MÉDICIS

car la reine-mère pourrait croire que c’est lui qui vous a instruit, et elle lui porte une très grande haine. Suivant ce qu’elle vous répondra, en la flattant toujours, vous lui montrerez le grand danger que court, pour sa vie, son fils, en se trouvant entouré de telles gens.

Un autre point capital est l’entrevue que la reine-mère désire avoir avec moi, comme elle me l’a écrit. Vous pouvez lui dire que du moment qu’elle affirme qu’il y a des affaires qui ne peuvent être traitées que dans cette entrevue, elle doit me déclarer nettement quelles sont ces affaires, et quel remède, de ma part, je puis y apporter. Comme il me semble que ce sont des choses très importantes, plus importantes que celles qui m’occupent ici, je ne manquerai pas de les faire passer avant toutes. La tendresse que je porte à la reine, ma femme, me fait désirer de voir la reinemère et de lui baiser les mains. Mais il ne serait pas bon d’exciter un grand bruit, qui ne manquerait pas de se produire autour de cette entrevue, avant de savoir ce qui peut en résulter. Quant au Roi très Chrétien, mon frère, votre office sera de le visiter en lui remettant mes lettres, de lui parler comme il convient, après vous être entendu avec Chantonnay. Avec lui vous vous gouvernerez comme vous jugerez convenable. Vous aurez à pénétrer tous les desseins que les Français ont en Allemagne, en Angleterre, en Flandre et en Italie, et vous entretiendrez une grande correspondance avec la duchesse de Parme, ma sœur, qui vous tiendra au courant de tout, comme je lui ai écrit. Chantonnay vous nommera toutes les personnes capables de vous renseigner.

Vous savez quel homme était M. de Guise, l’affection que je lui portais pour sa valeur, sa foi chrétienne, le service qu’il rendait à Dieu, à la religion et à son roi. Je porte la même affection à sa femme et à ses fils. Vous les aiderez de toutes vos forces, et vos actions témoigneront de ces sentiments. Vous visiterez le connétable de ma part, et vous lui direz la grande estime que j’ai toujours eue pour lui, et que j’ai encore. Elle remonte à l’époque où je ne comprenas encore rien aux affaires, et j’en fis part à l’Empereur, mon père, qui est maintenant au ciel. Depuis, cette affection s’est toujours accrue, grâce aux bonnes actions que je le vis accomplir, ce dont je l’ai remercié, lui accordant toujours ce qu’il me demandait. Mais vous ne manque. rez pas aussi, à cette occasion, et de votre part, de lui marquer