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DON FRANCÈS DE ALAVA

voyé ne devait jamais s’écarter de l’instruction qui lui était adressée. Chantonnay le mettrait au courant des détails. La première chose était de conserver à tout prix amour, amitié et intelligence avec le roi de France et la reine-mère. Dans ses conversations, don Francès fera tout pour cela. Il agira avec circonspection, ayant affaire à des gens émotifs et soupçonneux. Il donnera des nouvelles du roi et de la reine-mère, transmettra celles du roi d’Espagne. Son plus grand soin devait être de veiller à la conservation et au développement de la foi catholique. Car tous ceux qui avaient représenté en France Philippe II avaient peu fait pour cela… Et jusqu’à présent, les menaces n’avaient servi à rien. Mais la situation n’était plus la même aujourd’hui, puisque la reine-mère avait introduit au conseil des personnes que connaissait bien don Francès. L’amiral avait repris à la cour une grande autorité ; le connétable, qui tenait toutes les affaires, avait bien changé, se montrant si passionné pour ses neveux, et témoignant tant de haine contre les Guises. Ce qu’on avait traité avec la reine n’avait rien donné, car elle interprétait tout différemment. Il était donc nécessaire d’employer avec elle d’autres méthodes. Il convenait de lui parler d’une manière très confiante, de lui dire que Chantonnay avait été rappelé pour être remplacé par une personne en qui il lui serait possible de se fier entièrement ; elle pourrait lui dire toute sa pensée dans la conduite qu’elle comptait suivre pour conserver à son fils le royaume. Car il était tout à fait certain que plusieurs méditaient en France de changer la couronne. Après quoi on pourrait élargir la discussion ; car, dans les grandes négociations, il arrive qu’on laisse toujours échapper une parole qui puisse éclairer, même si la reine-mère ne voulait pas parler ouvertement. Dans le cas où elle se réfugierait dans les détails, les particularités, il convenait de saisir ses intentions, de l’exciter, de l’avertir de prendre bien garde afin que le bon vouloir du roi d’Espagne ne se manifeste ni trop tard, ni inutilement. D’autre part, ajoutait Philippe II à son ambassadeur, vous devrez toujours lui faire peur. « Moi je suis obligé de servir Dieu, de penser au bien du roi mon frère, afin que le gouvernement soit ainsi pour son utilité. Les choses en sont venues à ce point, et s’acheminent tellement vers la fin, que je dois lui parler librement ; et comme roi, je ne puis que me réjouir que mon frère, le roi de France, soit déjà capable de comprendre ce qui se passe. Tout ceci vous ne devez pas le faire avant le départ de Chantonnay, D gitized by