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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/76

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CATHERINE DE MÉDICIS

de saint Louis rejoignent le rêve italien de François Ier ; et ceux qui ont fait le voyage de Rome retrouvent la Ville avec ses statues dans les jardins. Voici, dans la cour, le cheval qui est celui de Marc-Aurèle, l’escalier monumental dû à Philibert Delorme, la porte à l’italienne qui donne dans le délicieux jardin où règne la Diane chasseresse, là où l’on admire les statues de Rome, le Laocoon en bronze, le Tibre, l’Ariane endormie, en bronze doré, qui passait pour être une Cléopâtre. Ici la « source cristalline » > près de laquelle on avait placé les bustes des dieux, des empereurs, de Commode qui se faisait appeler Herculanus et se montrait vêtu d’une peau de lion. Que dire des bains à l’antique, ornés de bronzes et de marbres ramenés d’Italie ? Où s’arrêter dans les appartements ? Voici la merveilleuse salle de bal où le Primatice a peint les légendes voluptueuses de la vie des dieux, les tapisseries de François Ier, la galerie décorée par les meilleurs artistes de l’Italie, qui racontent les amours de Vénus et de Mars, les aventures d’Ulysse chez Polyphème, Vulcain, le banquet des dieux, et la récente victoire française qui est la prise du Havre. Dans la chambre du roi, on voit le tableau de Raphaël représentant la Vierge et l’enfant Jésus, la « belle jardinière ». Les satyres dansent sur les linteaux des cheminées. Au sommet de la tour, Vulcain frappe sur l’enclume les heures païennes ; dans les soussol, des piscines d’eau chaude et d’eau froide, invitent au bain. Au programme des fêtes figuraient les combats des Grecs et des Troyens. Des Grecs et des Troyens, tels apparaissent les gentilshommes français, des Grecs et des Troyens les catholiques et les huguenots !

Mais la reine-mère a fait représenter aussi la Belle Genièvre, traduite de l’Arioste. Et c’est M. Castelnau de Mauvissière, ambassadeur de France auprès d’Elisabeth d’Angleterre, qui récitera lui-même la conclusion pour « la fin d’une Comédie >>. Rien de plus ailé, de plus shakespearien avant Shakespeare : Icy la Comedie apparoist un exemple Où chacun de son fait les actions contemple : Le monde est le théâtre et les hommes acteurs, La Fortune qui est maîtresse de la sceine Appreste les habits et de la vie humaine Les lieux et les destins en sont les spectateurs ! Car tel qui représente le personnage d’un puissant prince, demain jouera celui d’un bouffon, aussi bien sur le grand théâtre du