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UN SÉJOUR À TROYES

La ville offrit encore à la reine-mère du linge fin, spécialité de Troyes, et un échantillon de tous les vins du pays. Quant au roi, il reçut un vase d’argent, ciselé par Nicolas Boulanger.

Mais à Troyes, où l’on devait rester vingt jours, se poursuivit un travail politique et diplomatique fort important. D’abord le roi reçut les plaintes du procureur de Sens, Jacques Penon, qu’il n’avait pas eu le loisir d’entendre à son passage. Enfin les réformés de Troyes dressèrent une liste des crimes, meurtres, spoliations, iniquités dont ils se considéraient comme les victimes.

Le 27 mars, au soir, arrivait M. d’Andelot qui demandait à la reine-mère la permission de tenir des prêches dans trois ou quatre villes de la région, et à Nantes. Catherine répondit :

— Andelot, occupez-vous de votre charge et de vos affaires, et ne vous faites pas le protecteur des sujets du roi mon fils !

— Je m’en occupe, Madame.

Mais d’Andelot, irrité, était allé trouver le connétable pour lui rapporter ce qui venait de se passer, Anne de Montmorency donna raison à la reine. Alors le jeune homme osa faire allusion à la vieillesse de son oncle, Montmorency se redressa furieux. Et comme un fou, on le vit lever son épée :

— Celui-là est vieux qui ne sait pas seulement où se trouvent ni sa tête, ni ses pieds. Et c’est bien votre cas !

Sa colère tombée, l’oncle retint son neveu à souper. Et M. d’Andelot lui montra de grands honneurs.

Ce qui réjouissait ici don Francès, c’était de constater le sentiment nouveau, et vraiment sincère, que la reine et son fils portaient aux choses de la religion. Ainsi le carême avait été rigoureusement observé, même par les demoiselles de la cour qui étaient, depuis le départ de Fontainebleau, sous la direction sévère de Mme de la Roche-sur-Yon. Car elles ne pouvaient sortir sans sa permission, ni aller en ville manger de la viande chez quelque prince. Quelle piété, que de dévotion, aussi bien de la part de Charles IX que de Catherine ! En vérité, on les avait changés. L’amiral et M. d’Andelot en levaient les bras au ciel !

La reine-mère semblait d’humeur charmante. Elle se montrait si heureuse de recevoir des lettres de Lansac, lui donnant des nouvelles de son gendre Philippe II et de sa fille Elisabeth. Rien ne lui serait plus agréable que de voir régner parmi toute la famille fraternité et amitié ! Elle allait, dans son optimisme généreux, jusqu’à avertir sa vieille ennemie, Mme de Parme, du dé-