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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/92

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CATHERINE DE MÉDICIS

meaux (25 mars), le roi toucha dans la Cathédrale les écrouelles de deux cents malades scrofuleux. Le jeudi-saint, il fit la Cène à l’Évêché, lava les pieds à treize enfants pauvres qu’il servit à table. Et la reine-mère lava de même les pieds de treize jeunes filles pauvres.

La Semaine sainte, les offices avaient été suivis avec ferveur, aussi bien qu’on aurait pu le faire dans la chapelle de Philippe II lui-même. Le roi voulut voir communier de nombreux seigneurs, surtout ceux qui étaient soupçonnés de ne pas vouloir recevoir le sacrement ; et la reine-mère agit de même à l’égard de toutes ses dames. Et tous ceux ou celles qui n’auraient pas accepté la communion auraient été chassés de la cour. Mais à quatre lieues de Troyes le prince de Condé, M. d’Andelot et d’autres célébraient, suivant leur rite, la Cène huguenote.

À défaut de viande en Carême, le vin pétillant coula beaucoup. Don Fran apprit à connaître le de Champagne, car prince de la Roche-sur-Yon[1] lui en envoyait de trois ou quatre sortes, ce qui est en France signe de grande amitié.

La fête de Pâques tomba le 2 avril. Le mardi, eut lieu le grand banquet dans la salle du Palais Royal. Le roi et la cour participaient à des courses de bagues, à des assauts d’armes dans le jardin. Les laquais s’en mêlèrent et la lutte dégénéra en pugilat. Un jeu de barres fut établi ; le jeune Henri de Navarre, avec les autres enfants de France, s’y précipite, et d’une telle ardeur qu’il fait une chute malheureuse, et tombe sans mouvement. On dut le saigner sur place. Et ce furent, par la suite, de belles promenades en bateau sur le canal des Trévois.

Il faut dire que l’ordonnateur de ces fêtes était Dominique Florentino, peintre et sculpteur. D’autres artistes de la ville le secondèrent François Gentil, François et Nicolas Pothier, Augustin Cotelle, Nicolas Passot, Laurent Gallois, Pierre Thays, Nicolas Charonnat, Nicolas Cordonnier, Edme Huot, et Genest Collet. Les inscriptions latines avaient été rédigées par Passerat, alors premier régent du Collège de Beauvais à Paris.

  1. Le prince de la Roche-sur-Yon, dont il sera si souvent question, était le frère de M. de Montpensier, Charles de Bourbon. Gentilhomme pauvre, dit le « loyal grison », il faisait l’éducation de Charles IX avec Cipierre. La fortune lui était venue de son mariage avec la veuve du maréchal de Montejan (Philippe de Montespedon), qui régentait la suite des demoiselles de Catherine de Médicis.