XII
LA PAIX ANGLAISE
e meilleur du travail diplomatique fut sans doute la signature
du traité avec l’Angleterre, négocié par les ambassadeurs
anglais Smith et Throkmorton, le II avril. En sorte
que la ville de Troyes a vu les deux traités d’alliance les plus importants
avec l’Angleterre. Mais l’un, le vieux traité, donnait
notre pays, comme un protectorat, à nos antiques ennemis, tandis
que l’autre nous faisait amis, nous rendait l’honneur et la ville
du Havre ! Ce dernier était vraiment l’œuvre de la reine-mère et
de Throckmorton, un adversaire dont elle avait fait un ami[1].
On observait que la reine-mère avait eu de longs entretiens, très amicaux, avec La Mothe Fénelon, ambassadeur en Angleterre. De quoi parlaient-ils durant des heures ? Don Francès aurait bien voulu le savoir. Mais il aurait pu aussi le deviner. Car ayant désiré de rendre une visite de politesse à l’ambassadeur d’Angleterre, celui-ci lui déclara qu’il ne convenait pas de la faire en te moment, les Français se montrant « soupçonneux ».
C’était là, semble-t-il, une façon fort diplomatique de dire aux Espagnols qu’ils n’avaient pas à troubler l’entente récente entre les deux pays.
On fit à l’occasion de la paix anglaise de grandes réjouissances, et on alluma des feux de joie.
Catherine était bien heureuse ! L’honneur était sauf, comme elle l’écrivait ! Deux femmes avaient arrangé ce que des hommes n’avaient su faire. On conservait Calais ; on recouvrait, aux
- ↑ Catherine de Médicis lui donnera le beau nom de « ministre de la paix », en le recommandant d’une manière spéciale à l’amitié des Parisiens (Reg. du Bureau de la ville, t. V, p. 403).