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Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/31

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ſont haultes eſleuées. Enfin ce ſont de vrais deſerts inhabitables d’animaux & d’oiſeaux ; car ie vous aſſeure qu’allant chaſſer par les lieux qui me ſembloient les plus plaiſans, ie ne trouuay rien qui ſoit ſinon de petits oiſeaux, qui ſont comme roſſignols & airondelles, leſquelles viennent en eſté, car autrement ie croy qu’il n’y en a point, à cauſe de l’exceſſif froid qu’il y faict, ceſte riuiere venant de deuers le Noroueſt.

Ils me firent rapport qu’ayant paſſé le premier ſault, d’où vient ce torrent d’eau, ils paſſent huict autres ſaults, & puis vont vne iournée ſans en trouuer aucun, puis paſſent autres dix ſaults, & viennent dedans vn lac[1], où ils ſont deux iours à rapaſſer ; en chaſque iour ils peuuent faire à leur aiſe quelques douze à quinze lieuës. Audict bout du lac, il y a des peuples qui ſont cabannez[2], puis on entre dans trois autres riuieres, quelques trois ou quatre iournées dans chaſcune ; ou, au bout deſdittes riuieres, il y a deux ou trois manieres de lacs, d’où prend la ſource du Saguenay, de laquelle ſource iuſques audict port de Tadouſac il y a dix iournées de leurs canots[3]. Au bord deſdittes riuieres, il y a quantité de cabannes, où

  1. Le lac Saint-Jean, que les sauvages appelaient Piécouagami.
  2. La nation du Porc-Épic (ou des Kakouchaki) demeurait au lac Saint-Jean probablement dès ce temps-là.
  3. « Voilà,» dit Lescarbot (liv. III, ch. IX) « ce qu’a écrit Champlain dés l’an ſix « cens cinq » (lisez mil six cent trois) « de la riviere de Saguenay. Mais depuis il dit « en ſa derniere relation que du port de Tadouſſac juſques à la mer que les Sauvages « de Saguenay deſcouvrent au nort, il y a quarante à cinquante journées ; ce qui eſt bien « éloigné des dix que maintenant il a dit. »

    Si Lescarbot avait examiné les choſes plus attentivement, il aurait remarqué que Champlain ne dit pas qu’il y ait dix journées de Tadoussac à cette mer du nord qui est salée, c’est-à-dire, à la baie d’Hudson, mais bien seulement de Tadoussac à la source du Saguenay ; ce qui est tout différent.