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monuments historiques

taxé d’avarice par le même historien, et accusé de n’avoir rien fait ni pour les Dieux, ni pour les hommes. Mais Diodore se trompe en cela même ; car Hérodote, beaucoup plus croyable en ceci, puisqu’il est plus ancien et surtout puisqu’il parle de ce qu’il a vu, assure que ce Pharaon laissa pour monument de son règne les propylées occidentaux du temple de Phtha (l’Héphæstium) à Memphis, et qu’il fit de plus ériger devant ces propylées deux colosses de 25 coudées de hauteur[1]. Or, si les prêtres de la seconde capitale de l’Égypte ont dit à Hérodote que ces ouvrages étaient dus au roi Rhampsinitus, c’est qu’ils portaient effectivement sa légende en caractères sacrés.

Sous un autre point de vue, et celui-ci est d’une plus haute importance, les récits d’Hérodote méritent plus de confiance que ceux de Diodore ; je veux parler de la succession chronologique des rois, adoptée par l’un et par l’autre de ces auteurs. Hérodote, d’accord avec Manéthon, place Protée (Ramsès X) à la suite de Sésostris (Ramsès VI) et de Phéron (Ramsès VII), tandis que Diodore met entre ces deux derniers Pharaons (qu’il appelle Sésoosis Ier et Sésoosis II), et le règne de Protée, un intervalle de temps tel, qu’il surpasse de beaucoup la durée des 4 générations que Manéthon a

  1. Hérodote, liv. II, § CXXI.