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seconde lettre

maux, est rendu ici avec cette habileté qu’on ne peut s’empêcher d’admirer dans tous les ouvrages égyptiens du premier style.

Enfin, j’apprends qu’on a récemment transporté à Rome un colosse Égyptien de même matière, de même proportion que celui de Turin, et dont la pose et les attributs sont entièrement semblables. Les inscriptions de cette statue se rapportent au même Pharaon ; la figure du dieu Mandou est martelée de même en partie, et je trouve dans cela seul la confirmation complète de l’idée que j’avais conçue d’abord sur la destination primitive du colosse de Turin : je pense qu’il était placé, avec son pendant, soit devant la porte d’un temple ou d’un palais, soit sur un Dromos et en tête d’une de ces avenues de Sphinx ou de Béliers, décorations magnifiques par lesquelles les Égyptiens avaient coutume d’annoncer la demeure de leurs Dieux et celle de leurs Rois. Deux colosses pareils[1], représentant Ramsès le grand, sont encore debout en Nubie, à Ouadi-essébouâ, et ouvrent dignement la grande avenue de Sphinx, qui conduit au temple dédié au Dieu Amon-ra par ce célèbre conquérant Égyptien.

Tels sont, Monsieur le Duc, les principaux monuments du Roi Mandouei Ier existants, à ma connaissance, dans les musées de Turin, de Londres

  1. Gan, Antiquités de la Nubie, pl. 47.