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monuments historiques

Des monuments de tout genre, et qui ne peuvent être l’ouvrage des temps postérieurs, établissent non-seulement cette existence réelle de chacun des princes de la XVIIIe dynastie, mais nous signalent encore l’état avancé de la civilisation, et de grands progrès dans les arts et dans les sciences sous l’empire des rois Diospolitains descendants d’Aménoftep. Je dirai même, et la suite de cette Lettre pourra, Monsieur le Duc, vous en convaincre pleinement : il est aujourd’hui plus facile de démontrer, sur l’autorité d’actes publics et de pièces contemporaines, l’existence des Pharaons Mœris, Aménophis, ou Ramsès-Méiamoun. que celle de la plupart de nos rois francs de la première race ; et ce n’est là que le simple effet du noble privilége conquis par toute nation policée, qui laisse des traces à jamais ineffaçables sur le sol même qu’elle habita.

Il importait d’abord de fixer d’une manière certaine (très-approximative du moins), l’époque où régnèrent les princes de la XVIIIe dynastie, puisque c’est à peu près vers ce temps seulement que l’histoire égyptienne se rattache, par quelques liaisons connues, à celle des peuples asiatiques. Jusque là et sous les dynasties antérieures à la XVIe, l’Égypte, environnée de nations encore barbares, semble s’être renfermée en elle-même ; et si l’on en excepte les règnes de quelques Pharaons qui, de loin en loin, sortirent des frontières de la terre sacrée pour