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monuments historiques

siècle auquel on doit les rapporter ; il sera possible alors d’écrire, avec connaissance de cause, l’histoire de l’art en Égypte, sans risquer, comme il est arrivé, d’attribuer à l’influence directe du séjour des Grecs aux bords du Nil, la perfection de certaines statues égyptiennes réellement exécutées dans le temps où la Grèce façonnait tout au plus quelques blocs de bois ou de pierre pour leur donner, à grand’peine, la forme d’un grossier Hermès ; ou bien encore, et par une erreur contraire, sans s’exposer à croire reconnaître les origines de l’architecture grecque, dans les détails d’un temple égyptien réellement bâti sous les empereurs romains. On pourra aussi décider si l’art véritablement égyptien est demeuré stationnaire, en comparant les sculptures et les peintures du siècle des premiers Thoutmosis, avec celles que les inscriptions nous montrent appartenir au siècle des Ramsès ou à celui des deux Psammiticus. Enfin, par l’étude des monuments antérieurs à la XVIIIe dynastie, nos idées se fixeraient peut-être sur deux grandes questions : l’antiquité plus ou moins reculée du bon art en Égypte ; et l’origine, soit nationale, soit étrangère, des diverses connaissances qui fleurirent dans cette contrée célèbre.

Mais il faudrait, Monsieur le Duc, pour décider ces importants problèmes, qu’il fût possible de re-