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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/118

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ESCLAVE AMOUREUSE

Il s’est ri de mes révoltes, de mes protestations, de mes larmes, de mes cris et de mes menaces, il n’a vu et ne voit en moi que celle dont il est le maître aujourd’hui et qui lui obéit entièrement. Mais les humiliations qu’il m’impose sont plus puissantes, plus cruelles aussi, mais plus voluptueuses, car il faut aimer pour demander ou consentir à recevoir de tels supplices. »

Voilà ce que pourrait dire Lucette à ses élèves, mais les femmes ne sont point toutes destinées à souffrir de la sorte. Les petites filles, pour l’instant, ne goûtent pas le même attrait dans ce châtiment : elles sont punies pour leurs espiègleries.

Lucette était alors animée d’un premier amour qui se précisa par la suite et naquit dans la violence alors que, d’ordinaire, il naît dans de douces et puériles caresses. Le souvenir de cet inconvenant amour ne l’épouvante pas. À force d’en avoir discuté en elle-même les causes et les effets, elle s’est habituée à considérer comme naturelle et soudaine cette anormale transformation.

Déviation de la saine raison amoureuse ! Quand on aime, discerne-t-on ce qui est de ce qui aurait dû être ? Ah ! comme elle se rappelle bien les scènes d’autrefois, les premières rencontres, les promenades solitaires, les escapades qu’elle faisait avec Max… Comme elle se rappelle, oui ! Tout est précis, pré-