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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/117

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ESCLAVE AMOUREUSE

seize élèves de Lucette sont calmes et attentives, et ne bougent plus. La leçon a été salutaire et l’on peut espérer que l’indiscipline ne règnera plus, pendant quelques temps au moins. L’humiliation est trop forte pour qu’on se risque à la mériter. Elles font, ces enfants, l’apprentissage de la vie qui leur ménage, ce qu’elles ignorent, des esclavages, des affronts, des tourments, grands ou petits, mais nombreux.

Lucette pourrait leur dire : « J’ai été comme vous une petite fille, et j’ai eu votre âge, de pareilles punitions pour de pareilles fautes. Comme vous, en pension, en famille, j’ai été fouettée et fouettée d’importance, fustigée sans indulgence, sans pitié. J’ai grandi, et c’est alors que j’ai revu un ami d’enfance dont je ne soupçonnais pas l’autoritaire désir, les projets insensés.

Ce n’est rien d’être corrigée en pleine classe devant les filles de son âge, c’est pire d’être battue par un garçon, à l’impromptu. Et je l’aime maintenant, ce garçon-là, je l’aime, oui, et beaucoup, très fort, violemment, comme une folle que je suis. Il me considère comme sienne… Je suis toujours pour lui une petite amie… il m’appelle souvent ainsi : « Amie… petite amie… » Il m’a prise dans ses filets, il m’a domptée, subjuguée, asservie, je suis sa chose, sa proie, son jouet…