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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/146

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ESCLAVE AMOUREUSE

qu’elle lui adresse.

… Marthe est partie.

À Lucette elle a dit insolemment en s’en allant :

— Je plains Madame…

Elle ne se doute pas, l’ignorante et peu perspicace servante, que les plaisirs et les sensations se différencient suivant le tempérament, les goûts et les conditions des femmes ; telle se complaît aux jeux habituels de l’amour, aux étreintes longues ou brèves ; telle autre ressent seulement de la satisfaction aux à-côtés de cet amour, certaines veulent de légères caresses, de doux baisers et de tendres paroles… mais il en est dont l’appétit exige les meurtrissures, les coups et des contrefaçons d’assassinat.

Les natures sont aussi diverses que les voluptés et l’on ne peut blâmer cette amante ou cette épouse de n’en pas vouloir ou d’en vouloir trop.

Si la pierreuse reste attachée à son souteneur, c’est parce qu’il la cogne et ces « raclées », elle les veut, elle les cherche, et si on ne les lui donnait pas, elle mépriserait le compagnon de sa déchéance.

Les femmes sont nées pour la souffrance, qu’elle soit morale ou physique, il leur en faut, plus elles sont châtiées, moins vite elles trahissent.

Si Lucette compare son existence d’aujourd’hui à celle d’autrefois, elle l’épouvante. Mais elle ne sait pas si elle était heureuse et si elle est malheureuse