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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/19

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ESCLAVE AMOUREUSE

Ah ! qu’ils sont beaux les instants qui précèdent le danger qu’on prévoit et que l’on ne s’explique point, dont on ne peut préciser la forme.

Lucette ramena ses jupes sous elle, et les tira fort, jusqu’à ses chevilles.

— Vous êtes farouche, lui dis-je.

— Pourquoi, me répondit-elle.

— Votre geste ferait croire…

Elle voulut changer de conversation, mais je ne sais quel attrait me poussait à la froisser dans son innocente attitude… Je me doutais que mon amie était de ces faibles enfants qui destinent leur vie au sacrifice ou à l’autoritarisme, suivant que leur premier amour les dirige.

Elle était faible et docile par nature et ces natures-là, je les recherchais car elles devaient être mes jouets.

Dès la puberté, on sait ce qu’on deviendra, une victime ou un tyran.

J’aime les révoltes, les luttes, la résistance sauvage, et ceux-là seuls dont la barbarie est un besoin, la domination une ligne de conduite, sont certains de ne pas être écrasés comme d’innocentes bestioles.

Comme Lucette demeurait silencieuse, je lui serrai la main et la serrai si fort qu’elle poussa un cri.

Ce cri me fit plaisir et devait décider de notre destinée.