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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/191

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ESCLAVE AMOUREUSE

Ils étaient, depuis le jour où il l’avait enlevée aux griffes de Bodewski, asservis l’un à l’autre.

S’il restait pour elle un barbare mari, il n’en était pas moins un amoureux amant.

Comme les feuilles mortes balayées par le vent, les jours mauvais et douloureux avaient disparu. Cauchemar vite remplacé par la réalisation de leurs premiers rêves !

Au soir de leur vie, quand ils appelleront à eux tous leurs souvenirs, ils frémiront peut-être du roman étrange et anormal qu’ils auront créé.

— J’étais folle, pensera-t-elle.

— J’étais cruel, pensera-t-il.

Mais ils ne voudront point convenir qu’ils ont été un instant malheureux.

— Mon amour était beau, dira Lucette, puisque j’étais ravie et énivrée des supplices issus de lui.

« Et puisqu’il était beau, je dois en remercier celui qui l’a fait naître…

Ils n’auront point été si longtemps côte à côte, comme les amants ordinaires, se nourrissant de sentiments puérils et de sensations délicates, bénignes, ils auront vécu dans une perpétuelle passion où l’une jouissait de douleur et l’autre de domination.

Ceux qui liront cette histoire jusqu’au bout comprendront pourquoi les femmes aiment souffrir et souffrent d’aimer.