Aller au contenu

Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
ESCLAVE AMOUREUSE

primer tes ongles sur mon visage, n’épargne ni mes yeux, ni ma chevelure, que la colère aide tes faibles mains. »

Le temps où les férules éclataient sous la violence des coups, où le sang jaillissait sous le fouet et les verges, ce temps-là n’est point parti.

La flagellation, c’est un châtiment. C’est pour les mystiques une jouissance, la dévotion par excellence.

Mais une jouissance aussi, et d’un autre ordre, pour ceux ou celles qui se livrent à l’être aimé, car la flagellation passive n’est pas désirée pour elle-même, mais simplement comme une forme de la servitude envers celui ou celle qui doit dominer.

Ce n’est pas la douleur physique de la flagellation qui détermine le plaisir dans la souffrance.

Et cette explication abstraite est utile à fournir pour la compréhension de cette histoire où Lucette, jeune fille, est battue par Max.

Portée à son maximum d’intensité, cette possession mène ceux qui en sont atteints jusqu’à ces frontières indécises où le sentiment religieux se confond avec la possession sexuelle. Elle crée en eux le désir de la souffrance et du martyre, et leur interdit de savourer d’autres joies que celles dont l’âcreté laisse après elle un goût de larmes et l’impression de l’anéantissement.