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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/208

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

aucun contrat de concession de terres, en Canada, sans obliger le censitaire, non seulement à y tenir feu et lieu dans l’année, mais aussi à en mettre tous les ans deux arpents en culture, à peine de déchoir de sa concession, qui retournerait au seigneur ; à moins que l’autre ne prouvât qu’il en avait été empêché par force majeure, par maladie ou par quelque autre cause indépendante de sa volonté. Il ordonna en outre de stipuler dans le contrat, que le censitaire ne pourrait la vendre avant d’y avoir construit un bâtiment et mis au moins deux arpents en culture de pioche. On était censé, selon la coutume ordinaire du pays, avoir mis une terre en culture lorsqu’on en avait abattu les arbres et arraché toutes les souches qui portaient un pied de diamètre et au-dessus ; et aussi qu’on en avait rasé toutes les autres, de manière que la charrue pût y passer sans obstacle »[1].

De Montréal, Talon se rendit jusqu’aux forts avancés de la rivière Richelieu, afin de connaître par lui-même leur situation, l’état et les besoins de leurs garnisons. Il estimait avec raison qu’un bon administrateur doit se rendre compte de tout. Nous voyons par une de ses lettres que, durant l’hiver, il avait fait des excursions dans les bois pour examiner lui-même les différentes essences forestières. Il méritait donc de tous points l’éloge que faisait de lui la relation de 1667 : « M. Talon s’applique avec une activité infatigable à la recherche des moyens par lesquels il pourrait rendre ce pays florissant. »

  1. Histoire de la Colonie française en Canada, par l’abbé Faillon, vol. III, p. 231.