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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/288

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JEAN TALON, INTENDANT

dressent des embuscades de tous côtés. » Cette situation s’était bien modifiée depuis les expéditions de MM. de Tracy et de Courcelle. Maintenant la sécurité régnait, et les Canadiens pouvaient « déserter »[1] leurs terres, semer et moissonner en paix. Les villages fondés par Talon prenaient de l’accroissement. « On les a formés aux environs de Québec, » disait la relation de 1667, « tant pour le fortifier, en peuplant son voisinage, que pour y recevoir les familles venues de France, et auxquelles on distribue des terres déjà mises en culture, et dont quelques-unes ont été cette année chargées de blé, pour faire le premier fonds de leur subsistance. » En 1668 on y établit un bon nombre d’hommes auparavant employés au service du roi, et envoyés de France comme colons. « On les a tous mis au Bourg-Talon à deux lieues d’ici, pour y habiter et le peupler, » lisons-nous dans une lettre de la Mère de l’Incarnation à son fils.

Alors comme aujourd’hui l’ouverture des chemins était essentielle pour le succès de la colonisation. Talon le comprenait parfaitement. Le 7 février 1668, nous le voyons passer un contrat, en son « hôtel » à Québec, avec Lierre Paradis et Barbe Guyon, son épouse, par lequel il acquiert, au nom du roi, 76 perches de terrain sur 18 pieds de large, prises sur leur propriété en la côte de Notre-Dame-des-Anges, aux fins d’ouvrir un chemin pour faire communiquer le Bourg-Royal et le Bourg-la-Reine[2] avec le chemin de Beauport, et par

  1. — « Déserter » s’employait pour « défricher »
  2. — Par l’étude des pièces on voit bien que Bourg-Royal, Bourg-la-Reine et Bourg-Talon étaient adjacents. Bourg-Royal forme aujourd’hui une partie importante de Charlesbourg ; Bourg-la-Reine est indiqué sur les cartes cadastrales comme