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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/375

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JEAN TALON, INTENDANT

Jésuites qui ont assisté à cette cérémonie, avec tout l’appareil et l’éclat que le pays a pu souffrir. Je porterai avec moi les actes de prise de possession que le sieur de Saint-Lusson a dressés pour assurer ces pays à Sa Majesté. On ne croit pas que du lieu où le dit sieur Saint-Lusson a percé il y ait plus de trois cents lieues jusqu’aux extrémités des terres qui bordent la Mer Vermeille ou du Sud. Les terres qui bordent la mer de l’Ouest ne paraissent pas plus éloignées de celles que les Français ont découvert. Selon la supputation qu’on a faite sur le récit des sauvages et par les cartes, il ne parait pas qu’il y ait plus de quinze cents lieues de navigation à faire jusqu’à la Tartarie, la Chine et le Japon. Ces sortes de découvertes doivent être l’ouvrage ou du temps ou du roi. On peut dire que les Espagnols n’ont pas percé plus avant dans les terres de l’Amérique Méridionale que les Français n’ont fait jusqu’ici dans les terres de la Septentrionale. Le voyage que le dit sieur de Lusson a fait pour la découverte de la mer du Sud comme pour celle de la mine de cuivre ne coûtera rien au roi ; je n’en mets rien dans mes états parce qu’ayant fait des présents aux sauvages des terres desquels il a pris possession, il en a réciproquement reçu d’eux en castors qui peuvent remplacer les dépenses[1]. »

L’intendant ne pouvait donner à Saint-Lusson une preuve plus tangible de sa satisfaction qu’en lui confiant aussitôt une mission nouvelle. À peine ce vaillant explorateur était-il de retour de l’Ouest, qu’il recevait l’ordre de partir pour l’Acadie. Durant sa seconde

  1. Mémoire de Talon au roi, 2 novembre 1671. — Arch. prov. Man. N.-F., 1ère série, vol. I.